Lettre à la presse française – France 24
Mesdames, Messieurs,
Nous ne comprenons pas votre ambition à destituer médiatiquement un homme politique africain avec autant d’entrain. Par contre nous ne vous avons jamais vu aussi acharné sur Biya, Denis S. Nguesso, Bongo père et fils, Blaise Compaoré, …Notre naïveté s’arrête là. Nous pensons que désormais des organisations sérieuses devraient ester en justice contre les mass medias français pour désinformation et propagande de manière délibérée dès qu’il s’agit du continent africain et pour compensation des victimes collatérales..
Nous aimerions que vous nous apportiez les preuves sur vos propos largement diffusés lors de vos éditions télévisées.
Vous parlez de charnier, en avez-vous les preuves ? On parle de troupes libériennes responsables d’exactions avec des 4×4 noires, tous phares éteints. Ils sont à la solde de qui ? Où sont les corps ? Il est de ce fait attendu que la LDH aille plus loin dans ses conclusions, qui jusqu’à présent ne retient que « des atrocités constatées ». Ce sont ces éléments qui nous semblent importants pour se prémunir des manipulations et des story telling au service d’intérêts du moment, comme pour légitimer la guerre civile et une intervention extérieure afin d’en découdre avec Laurent Gbagbo.
Pourquoi dès lors vos caméras ont-elles été éteintes dans le Nord de la CI lors du deuxième tour des élections où menaces, vexations, coups ont plus. Un déroulement chaotique qui à juste titre ne permet pas de considérer les résultats des urnes quand, ont été observées des fraudes du clan (quoique nous n’apprécions pas ce terme, mais rien que pour vous citer) OUATTARA. Pensez-vous que cette situation prévaudrait dans votre cher pays France.
Vous parlez d’anti-français, cela signifie quoi exactement ? Ils sont pourtant 15 000 à profiter pleinement de tous les subsides de ce pays au-delà de ce que peuvent prétendre une grande majorité des Ivoiriens. Certains en foulant le sol français dès le 23 décembre, ont confirmé qu’ils n’ont été victimes d’aucunes exactions. Il faut se souvenir qu’en 2004, on accusait les Ivoiriens de viols perpétrés contre celles que vous appelez expatrié-e-s, sans preuve aucune. Les faits par la suite, ont parlé d’eux-mêmes.
Pourquoi ne rappelez-vous pas dans la même foulée aux Français, que leur armée a tiré à vue, avec des balles réelles en 2004 sur plus de 60 Ivoiriens, morts assassinés, et plus de 1200 blessés. Où se trouve la justice de la communauté internationale, l’ONU, l’ONUCI pour traduire la France devant le TPI, CPI ? Madame Alliot Marie, agissant en qualité de Ministre de la défense à l’époque, est-elle inquiétée jusqu’à ce jour sur ce dossier ? Ces instances ont-elles été mises en place uniquement pour les Africains quand on sait que parmi les pays occidentaux, la France et les États-Unis, ne les ont toujours pas ratifiées, malgré que Barack H. Obama laissait supposer une égale répartition dans les sentences à venir, s’inscrivant davantage dans le sens de la justice. Qu’en est-il du reste de sa farouche volonté de ne jamais s’immiscer dans les affaires internes des pays ayant conquis leur souveraineté. Nous constatons que malgré son discours au Parlement Ghanéen du 11 juillet 2009, il s’oppose aujourd’hui aux leçons qu’il a prodiguées.
Par ailleurs, la mission de l’ONUCI n’était-elle pas de désarmer les forces rebelles, reconverties en Forces Nouvelles comme pour se draper d’une certaine honorabilité, conduite sous l’égide de Blaise Compaoré, Président reconduit du Burkina Faso ? Comment se fait-il que 4 votes /15 de la CEDEAO (Bénin, Burkina Faso, Cap vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo) permet de statuer en toute urgence sur des sanctions contre un pays faisant partie des leurs, sans l’entendre ? L’Afrique sera t-elle toujours le pantin bienséant, gardien des intérêts des autres (USA, France, UE maintenant, tous combattant la prééminence de la Chine en terre africaine) sans qu’elle ait son mot à dire. Quelle est cette fâcheuse tendance d’opposer le droit constitutionnel d’un pays dit souverain, aux lois de la dite communauté internationale qui au lieu de souffler la paix, attise les tisons de feu.
Nous n’oublions pas votre action lors du deuxième tour des élections, le 28 novembre, et du rôle nébuleux qui fut le votre, et sur lequel personne ne revient. Vous appartient-il de publier des résultats d’une élection importante en Afrique avant les télévisions officielles du pays en question ? Ce sont vos comportements et conceptions du genre, qui permettent de résumer l’Afrique à une stricte « République bananière », où chacun fait ce qu’il veut au détriment des lois. Les pseudos pays dits développés (grâce à qui ?) se plaignent en arguant que les Africains sont incapables de se prendre en main. Dès lors que vous résistez à leur modèle qui vous est désavantageux, on vous assassine, aujourd’hui médiatiquement. Mais hier….
Nous sommes pour une Afrique libre, autonome, non centrée sur elle-même mais garante de son équilibre interne, et gardienne des intérêts de son peuple quelques soient les pressions diplomatiques.
Panafricainement,