Le concept de refondation africaine et la pratique de renaissance africaine aujourd'hui développés par l'intelligentsia africaine sont indissociablement liés à une relecture profonde des mouvements et des cycles historiques.
L'analyse introspective de ces derniers en un temps et lieu donnés s'avèrent nécessaires dès lors qu'un long processus de dégradation et de déliquescence affectent de façon durable la survie et la satisfaction essentielles des besoins d'un peuple, menaçant de manière récurrente et sa stabilité et ses intérêts souverains naturels.
Les causes historiques pouvant induire de nouveaux processus de développement plus conformes aux exigences pressantes des peuples sont multiples et dépendent étroitement des contraintes et pressions internationales qui s'exercent en un moment et lieu historiques précis.

Il nous semble important de préciser, à l'aune de toute la littérature afrocentrique ou africalogique [1] qui tend à se développer dans les communautés intellectuelles noires, que tout concept consensuel de fondation ne se doit d'être factice ou circonstanciel en vue de satisfaire un quelconque ego guerrier ou revendicatif pour finalement être vidé de substance par manque de praxis. De tels comportements ont souvent aliéné et ajourné sine die les libérations authentiques des peuples.
Une analyse dialectique est nécessaire pour rendre les concepts dès lors opératoires pour la transformation des dynamiques de conscience collective. En Egypte ancienne, le concept de MAAT (Justice universelle et Equilibre) ou de Hotep (Unité) était expérimenté à divers niveaux d'introspection par les divers composants du peuple. Pas seulement théorisé ou dialectisé, mais également intériorisé par la praxis.

En ce qui concerne l'Afrique et l'expérience historique des Africains, on peut répertorier alternativement des périodes de grandeur et de stabilité, de stagnation liées à des facteurs internes et exogènes :
Depuis les plus hautes antiquités néolithiques et les premières agglomérations humaines qui gravitent et s'organisent autour de la Vallée du Nil jusqu'à l'établissement des civilisations pharaoniques égypto-nubiennes, les Peuples Africains ont érigé progressivement de grandes entités étatiques dotées d'institutions politiques, économiques, sociales et spirituelles fonctionnelles et opératoires garantissant leur plein épanouissement, leur dignité et leur souveraineté. Les principales caractéristiques de ces empires sont leurs dimensions colossales et leur longévité.
Au demeurant, la grandeur de ces civilisations sera l'objet d'envie et de convoitises de la part des autres peuples barbares du pourtour de la Méditerranée, des peuples asiatiques (Assyriens, Hyksos, peuples de la mer…) qui tenteront à plusieurs reprises (2ème période intermédiaire et 3ème période intermédiaire) de subjuguer et d'asservir Kemet (Egypte-Mitzraïm). Si souvent, certaines de ces tentatives affecteront l'unité politique de l'empire, un vaste mouvement de restauration institutionnelle viendra toujours du Sud (Haute-Egypte) pour combattre les envahisseurs et consolider les acquis historiques de l'Egypte.
 
 
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